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CHAPITRE xvii


Le comte Decazes veut changer de ministère. — Intrigues contre le duc de Richelieu. — Il donne sa démission. — Le général Dessolle lui succède. — Mariage de monsieur Decazes. — Le comte de Sainte-Aulaire. — Mon père demande à se retirer. — Il est remplacé par le marquis de La Tour-Maubourg. — Le Roi est mécontent de mon père. — Mes idées sur la carrière diplomatique. — Une fournée de pairs. — Monsieur de Barthélemy.

On devait croire qu’après ses succès d’Aix-la-Chapelle le président du conseil reviendrait à Paris tout-puissant. Il en fut autrement. Les deux oppositions de droite et de gauche se coalisèrent pour amoindrir le résultat obtenu, et le parti ministériel, sous l’influence de monsieur Decazes, ne se donna que peu de soins pour le montrer dans toute son importance.

Monsieur de Richelieu était personnellement l’homme le moins propre à exploiter un succès, mais monsieur Decazes s’y entendait fort bien. Dans cette circonstance, il négligea de le vouloir. Des intrigues intérieures dans le sein du ministère en furent cause. Monsieur Decazes s’était uni à un parti semi-libéral qui, depuis, a produit ce qu’on a appelé les doctrinaires. Ce parti avait longtemps crié contre le ministère de la police et il persuada à monsieur Decazes qu’en faisant réformer ce ministère au départ des étrangers il semblerait n’avoir été créé que pour un moment de crise et que le Roi ferait un acte habile dont la popularité rejaillirait sur lui.