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CHAPITRE xiii


Je refuse d’aller chez une devineresse. — Aventure du chevalier de Mastyns. — Élections de 1817. — Le parti royaliste sous l’influence de monsieur de Villèle. — Le duc de Broglie et Benjamin Constant. — Monsieur de Chateaubriand appelle l’opposition de gauche les libéraux. — Mariage de mon frère. — Visite à Brighton. — Soigneuse hospitalité du prince régent. — Usages du pavillon royal. — Récit d’une visite du Régent au roi George iii. — Déjeuner sur l’escalier. — Le grand-duc Nicolas à Brighton.

Le mariage de mon frère se remettait de jour en jour. J’étais au plus fort de l’impatience de ces retards incompréhensibles, lorsqu’un soir une comtesse de Schwitzinoff, dame russe avec laquelle madame de Duras s’était assez liée, nous parla d’une visite qu’elle avait faite à mademoiselle Lenormand, la devineresse, et de toutes les choses extraordinaires qu’elle lui avait annoncées.

J’avais bien quelque curiosité d’apprendre si le mariage de mon frère se ferait enfin cette année ; mais la duchesse en avait encore beaucoup davantage de se faire dire si elle réussirait à empêcher le mariage de sa fille, la princesse de Talmont, avec le comte de La Rochejacquelein, car la seule pensée de cette union faisait le tourment de sa vie.

Elle me pressa fort de l’accompagner chez l’habile sibylle, en nous donnant parole de ne lui adresser qu’une seule question. J’aurais peut-être cédé sans la promesse que j’avais faite à mon père de n’avoir jamais recours à