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LE COMTE DE LA FERRONNAYS

lier ; loin de là, il semblait redoubler le scandale de ses liaisons subalternes.

Jamais monsieur de La Ferronnays n’avait prêté la moindre assistance aux goûts passagers de monsieur le duc de Berry ; mais, à présent, il en témoignait hautement son mécontentement, tout en veillant jour et nuit à sa sûreté, et les relations étaient devenues hargneuses entre eux.

Monsieur de La Ferronnays était premier gentilhomme de la chambre ostensiblement et de fait maître absolu de la maison où il commandait plus que le prince. Sa femme était dame d’atour de madame la duchesse de Berry ; ils habitaient un magnifique appartement à l’Elysée et y semblaient établis à tout jamais.

Lors de la grossesse de madame la duchesse de Berry, on s’occupa du choix d’une gouvernante. Monsieur le duc de Berry demanda et obtint que ce fût madame de Montsoreau, la mère de madame de La Ferronnays.

L’usage était que le Roi donnait la layette des enfants des Fils de France ; elle fut envoyée et d’une grande magnificence. La petite princesse n’ayant vécu que peu d’heures, la liste civile réclama la layette : Madame de Montsoreau fit valoir les droits de sa place qui lui assuraient les profits de la layette. On répliqua qu’elle n’appartenait à la gouvernante que si elle avait servi. Il y eut quelques lettres échangées.

Enfin on en écrivit directement à monsieur le duc de Berry (je crois même que le Roi lui en parla). Il fut transporté de fureur, envoya chercher madame de Montsoreau et la traita si durement qu’elle remonta chez elle en larmes. Elle y trouva son gendre et eut l’imprudence de se plaindre de façon à exciter sa colère. Il descendit chez le prince. Monsieur le duc de Berry vint à lui en s’écriant :

« Je ne veux pas que cette femme couche chez moi.