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tique des fluides, qui les distingue des corps solides, et que je vais d’abord rappeler avec plus de développement, pour en faire ensuite la base de mon analyse.

§ Ier.
Notions préliminaires.

(1) Les dimensions des molécules et celles des espaces vuides qui les séparent, sont imperceptibles à nos sens, et si petites qu’une ligne qui en serait un très-grand multiple, pourra encore être supposée d’une grandeur insensible.

Les molécules s’attirent mutuellement ; elles se repoussent en même temps à raison de la chaleur propre de chacune d’elles. Pour chacune de ces deux forces, la réaction est égale à l’action ; l’une et l’autre décroissent très-rapidement, et ne sont sensibles que jusqu’à des distances insensibles. Toutefois, nous admettrons que les rayons d’activité de l’attraction et de la répulsion, sont extrêmement considérables eu égard aux intervalles compris entre les molécules, et que le décroissement rapide de ces deux forces ne commence qu’à des distances qui sont déjà de très-grands multiples de ces petits interstices. Sans cela, dans la plupart des corps, c’est-à-dire, dans tous ceux qui ne sont pas cristallisés et où les molécules ne sont pas régulièrement distribuées, la résultante des actions moléculaires, ou la force totale qui agit sur chaque molécule, pourrait être très-différente en grandeur et en direction pour deux molécules consécutives : elle ne serait pas soumise à la loi de continuité d’un point du corps à un autre, et exprimable en fonction des coordonnées d’un