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VI
ÉLOGE DES DONATEURS DE L’ACADÉMIE.

Louvre. Ne voulant pas, disaït-il, être plus favorisé que n’importe lequel de ses camarades, il consacrait le supplément de solde qu’il recevait ainsi à faire dessiner des aquarelles, à construire des modèles de navires, destinés à conserver le souvenir des constructions navales, que les progrès modernes faisaient disparaître peu à peu. Ce désintéressement de l’amiral a beaucoup contribué à maintenir au Louvre le Musée de Marine, qui est, paraît-il, le plus visité de tous ceux qui sont réunis dansée Palais. Ceux même qui auraient voulu le transporter ailleurs cessaient toute démarche, lorsqu’ils étaient au courantde l’affection que portait à son Musée le bon amiral, et des sacrifices qu’il s’imposait pour lui. Aussi l’Académie, qui avait pour cet éminent serviteur de la Marine affection et respect, a-t-elle accepté le don que lui faisait l’amiral de 500fr de rente pour continuer, sous le nom de Souvenirs de marine conservés, l’œuvre laquelle il avait voué sa verte vieillesse, et qui doit réunir des gravures fidèles des bâtiments de toutes sortes et de toutes nations.

Comme l’amiral Paris, Antoine d’Abbadie, l’illustre explorateur de l’Éthiopie, nous a fait sa donation si importante en nous imposant d’autres obligations que celle de fonder des prix. Appartenant à une famille basque originaire des environs de Saint-Jean-de-Luz, M. d’Abbadie revenait chaque année au pays de sa famille ; grâce à des efforts persévérants, il avait réussi à constituer près d’Hendaye une belle propriété. Il avait su choisir, au centre même de son domaine, un emplacement merveilleux, d’où l’on a la plus belle vue à la fois sur la mer et sur la montagne ; et il y fit élever, de 1868 à 1870, un beau château dont les plans furent donnés par Viollet-Le-Duc. Il avait fait construire, attenant au château, un petit observatoire où il continuait ses études sur la déviation de la verticale et où se poursuivaient sous sa direction des observations astronomiques régulières. Passionnémentattaché à son pays d’origine, M. d’Abbadie distribuait chaque année des prix destinés à maintenir l’originalité du peuple Basque, à favoriser la conserva-