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de m. messier.

à son malheur, et firent tout pour le consoler et le dédommager. Le président de Saron lui prodigua les soins les plus constans et les plus généreux : c’était une espèce de devoir ; il était son ami, son confrère à l’Académie, et ses enfans avaient été la cause innocente de ce malheur. Boscovich lui témoigna l’amitié la plus active, et le secourut efficacement. M. Sage lui fit obtenir du roi une gratification de 1 200 liv., suivie presque aussitôt d’une pension viagère de 1 000 liv. et d’une gratification de 2 400 liv.

Il lui restait à subir d’autres épreuves. La révolution le priva tout-à-la-fois de son traitement et de toutes ses ressources ; devenu à son tour académicien pensionnaire, il avait vu, peu de jours après, supprimer l’Académie et sa pension. Son généreux ami, le président de Saron, était tombé sous la faux révolutionnaire ; on conçoit à peine comment il put subsister, s’il n’avait pas quelques faibles épargnes : tout ce qu’on sait, c’est qu’il n’avait pas même les moyens d’alimenter la lampe qui servait à ses observations nocturnes. Il vit enfin des jours plus heureux : l’Institut, le bureau des longitudes, la Légion-d’honneur, lui firent connaître une indépendance, et une aisance à laquelle il était peu accoutumé. Elle ne changea rien à sa manière de vivre ; il n’en profita que pour être utile à sa famille. Sa sœur était morte auprès de lui ; il fit venir un frère, qu’il eut aussi la douleur de perdre, et une nièce, Mlle Joséphine Messier[1], qui a passé avec lui les dix-neuf dernières années de sa vie, et qui lui a rendu les soins les plus touchans et les plus assidus, dont on a cru qu’elle n’était pas dignement récompensée, quand on apprit que son oncle n’avait fait en sa faveur aucune disposition parti-

  1. Aujourd’hui Mme Bertrand.