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notice sur la vie et les ouvrages

ou s’éloigne ; si on le gagne, ou si l’on en est gagné de vitesse.

L’invention lui fut disputée. Maskelyne avait conçu, de son côté, l’idée de faire glisser un prisme le long d’une lunette : il annonça des expériences ; mais elles n’ont point paru, il n’en fut plus question. La dispute fut plus vive entre Rochon et Boscovich. Les deux auteurs s’accusèrent réciproquement de plagiat ; mais il y a deux différences essentielles entre les deux micromètres : l’idée d’y faire entrer la double réfraction paraît appartenir exclusivement à Rochon ; on en a tiré un parti avantageux. Le micromètre de Boscovich n’a rien produit et paraît oublié.

L’instrument pour mesurer les distances fut accueilli par le gouvernement, qui nous ordonna de l’examiner. Nous le soumîmes à toutes sortes d’épreuves ; nous le comparâmes à tous les micromètres connus ; nous l’appliquâmes à déterminer un côté des petits triangles de notre méridienne. L’instrument soutint assez bien la comparaison avec le micromètre filaire et avec le cercle répétiteur. Les expériences furent répétées à Saint-Cloud, et le gouvernement chargea l’auteur de faire exécuter plusieurs de ces lunettes.

Rochon, comme tant d’autres, avait perdu toutes ses places et son bénéfice à la révolution ; mais on ne peut pas dire qu’il ait été persécuté, ni même vu avec défaveur. Chargé de l’inspection d’une fonderie à Brest, de la découverte et de l’exploitation de plusieurs mines, et de la création d’une manufacture de toiles métalliques, propres à remplacer les fanaux à la mer et à prévenir les dangers du feu ; ses services, son activité, la simplicité de son ton et de ses manières, lui donnaient pendant ces temps d’orage un accès