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POUR S’ÉLEVER LE LONG DES CORPS LES PLUS LISSES.

distinctes des rainettes offrent évidemment de plus grands rapports avec les organes également distincts qui en font les fonctions dans beaucoup d’insectes.

Je dois dire qu’un semblable travail sur la marche curieuse du jecko avait été fait en 1792 par feu M. Riche, l’un des naturalistes du voyage entrepris pour la recherche de la Pérouse, et qu’il m’en avait communiqué verbalement quelques détails. D’après la division que nous avions adoptée des diverses branches de l’histoire naturelle qui devaient nous occuper dans cette expédition commandée par le contre-amiral d’Entrecasteaux, les mœurs intéressantes du jecko le concernaient spécialement. Il est vraisemblable que ses remarques à ce sujet auront été égarées. C’est pendant notre séjour à Amboine que nous eûmes maintes occasions d’observer ce singulier lézard. Il sortait de sa retraite vers la chute du jour pour chercher dans les appartemens, le long des murs et des poutres, les insectes dont il se nourrit. Souvent il s’annonçait d’une voix forte et comme articulée par le cri plusieurs fois répété du nom sous lequel il est connu, puis, tournant sa tête pour fixer la vue du côté des insectes qui allaient devenir sa proie, il ne tardait pas à s’en approcher. Là les murs sont fort lisses, étant blanchis avec plusieurs couches de chaux. Il était curieux de voir l’animal s’avancer lentement, et toujours avec sûreté, prenant ainsi le temps d’assurer chaque pied, au moyen des nombreux suçoirs dont il est garni. Nulle situation ne l’arrêtait dans sa poursuite. Souvent on le voyait sous les poutres marchant ainsi à la renverse ; ses moyens d’adhésion étant d’autant plus développés, qu’il fallait alors s’opposer encore davantage aux efforts de la gravitation.