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notice sur la vie et les ouvrages de m. messier.

culière. Mais elle nous a désabusés, en nous assurant que M. Messier avait pris ses précautions d’avance, pour lui assurer un sort dont elle est parfaitement contente, et dont elle aura toujours la plus vive reconnaissance.

Messier était éminemment observateur ; il ne voyait rien, n’entendait rien dont il ne prît note. La collection de ses journaux pourrait être une lecture piquante. Mais il n’écrivait que pour lui seul ; ses notes auraient besoin d’être rédigées d’une manière plus correcte et plus concise. Il en aurait sans doute retranché quelques jugemens un peu précipités et un peu malins : car il était bon, quoique sa vie laborieuse lui eût fait contracter une humeur un peu sévère ; fidèle ami, sans intrigue, ponctuel en tout, comme il l’était à se présenter à sa lunette pour l’observation d’un phénomène. Cette vie réglée le fit arriver à quatre-vingt-deux ans sans aucune infirmité. Alors sa vue baissa considérablement : il ne pouvait lire ou écrire qu’avec une forte loupe qui le fatiguait ; c’est ce qui l’a empêché de mettre au net ses mémoires. Il fut frappé d’une paralysie sur le côté droit. La triste expérience qu’il avait faite l’avait rendu rebelle aux ordonnances de la médecine. Tenon lui envoya un de ses confrères, pour le visiter en qualité d’ami : il consentit à recevoir quelques soins, se rétablit, reparut à nos assemblées ; mais ses forces diminuant sensiblement, il se tint renfermé chez lui pendant deux ans, et fut attaqué d’une hydropisie pour laquelle il ne fut alité que deux jours. Le mal fit des progrès rapides. Il expira dans la nuit du 11 au 12 avril 1817, à l’âge de quatre-vingt-six ans neuf mois et dix-huit jours. Il fut remplacé à l’Académie par M. Mathieu, le 26 mai de la même année.