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par le moyen de l’absorption qui se fait à toute la surface du corps, ou enfin s’il ne s’y produit point par l’action même de la vie.

M. Magendie a voulu s’en assurer par des expériences, et pour cet effet il a nourri des chiens avec des substances qui ne contiennent point sensiblement d’azote, et principalement avec du sucre, de la gomme, de l’huile d’olive, du beurre, auxquels il ajoutait de l’eau distillée. Ces animaux ont tous fini par périr, mais avec des phénomènes très-singuliers ; entre autres une ulcération de la cornée, qui a quelquefois percé cette membrane de manière que l’œil s’est vidé de ses humeurs. Leurs sécrétions prenaient le caractère de celles des herbivores ; les principes contenant de l’azote y diminuaient de plus en plus ; le volume des muscles était réduit au sixième ; et ces suites fâcheuses ne provenaient pas du défaut de digestion, car les alimens non azotés donnent du chyle et remplissent les vaisseaux lactés, ils soutiennent la vie plus long-temps que si l’on refusait absolument la nourriture.

L’azote entre comme partie essentielle dans l’urée, et dans l’acide urique, ces élémens du calcul de la vessie, et ces matières diminuent sensiblement dans l’urine des animaux nourris de substances non azotées. M. Magendie en a conclu qu’au moyen d’un régime très-végétal on pourrait au moins ralentir les progrès de cette funeste maladie de la pierre. Il est vrai que le régime entièrement végétal donne quelquefois une maladie contraire, le diabétès sucré ou flux excessif d’une urine où abonde la substance sucrée, maladie que l’on guérit en se nourrissant de viande.

Ces faits peuvent devenir utiles en médecine, et donner des indications diététiques importantes.

M. Magendie a aussi fait, en commun avec M. Chevreul, des essais pour déterminer la nature des gaz qui se développent au .