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principaux titres à votre admission parmi nous. Vous savez concilier la prévision des vues spéculatives avec la certitude des expériences pratiques. C’est l’allure de la haute science : tous les grands savants ont été de profonds philosophes. Il y a en effet à distinguer parmi les savants : les uns donnent tout à la théorie et se perdent parfois dans des hauteurs nuageuses ; les autres n’ont foi que dans l’observation positive, terre à terre. Hasarder quelques hypothèses philosophiques, sans quitter la rigueur, introduit dans la science autre choses que des intérêts lucratifs. Quoi de plus attachant que de comprendre les admirables fonctions de la vie organique, si intimement unie à la volonté.

Par vos rapprochements sur le magnétisme, vous avez scruté un des passages supposés, établi en quelque sorte un trait-d’union, entre l’étude de la matière animée et celle du principe immatériel dont elle est l’organe. M. Gillet, que nous devions entendre après vous, étudiait l’âme des hommes, non sous le rapport purement physiologique, mais dans les actes de leur vie. Son travail sur la destinée et les œuvres de Chevrier fait voir jusqu’où peuvent aller d’une part les égarements d’une présomption irréfléchie, de l’autre l’implacable vengeance d’un homme outragé, armé d’un pouvoir redoutable. Aujourd’hui, comme s’il eût voulu établir un contraste entre les orages des passions haineuses et le calme d’une vie sans tourmentes, le