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nerfs, il viendrait former autour de chacun de nous une atmosphère nerveuse susceptible d’agir dans certaines conditions sur ceux qui s’y trouveraient plongés.

Pour d’autres, plus matérialistes encore, le fluide magnétique, de même que le fluide nerveux, se confondrait totalement avec le fluide électrique, qui seul serait appelé à faire mouvoir toute notre organisation. En lui transmettant une partie de l’électricité que son cerveau a développée, le magnétiseur pourrait, tout en s’épuisant lui-même, activer ou troubler l’économie physique et morale de son semblable. Le somnambule ne serait qu’une machine dont les forces se trouveraient décuplées ou déviées par l’afflux d’une trop grande quantité de vapeur. Chez certaines natures, particulièrement chez les femmes, il y aurait une telle exhubérance de production d’électricité, qu’on retrouverait en elles toutes les qualités de la torpille. Le moindre contact de ces personnes suffirait pour projeter au loin tous les meubles, comme si ces derniers obéissaient à une décharge électrique. On se souvient encore d’Angélique Cottin, qui s’était acquis une grande réputation par les ravages qu’elle produisait ainsi dans les ameublements des chambres où elle passait. Mais il n’y a rien d’indiscret comme un académicien. M. Babinet, qui parfois veut bien prêter son attention aux choses d’ici-bas, eut la perfidie d’analyser ce qui se passait dans le système musculaire de cette jeune fille ; et, grâce à lui,