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chercher à aller au delà des bornes qui sont restées infranchissables pour la science médicale. Aussi de tout temps a-t-on cherché à remédier à l’insuffisance de la saine thérapeutique en s’adressant à des influences surnaturelles. Les Grecs allaient dormir sur le parvis du temple d’Esculape, pour recevoir en songe les conseils et les guérisons qu’ils demandaient en vain à l’érudition et à l’habileté des disciples d’Hippocrate. La religion chrétienne, en détrônant les dieux du paganisme, ne renversa pas la croyance des malades aux visions. Les églises succédèrent aux temples des anciens ; on continua à y demander, non à la prière, mais aux rêves, le soulagement désiré. Les amulettes vinrent grossir les procédés de la médecine surnaturelle et ne sont pas encore complétement oubliées aujourd’hui. Les rois de France donnèrent un caractère solennel aux guérisons miraculeuses en exerçant par leurs attouchements le droit que Clovis avait cru recevoir en songe, et que s’arrogèrent ensuite les rois d’Espagne, d’Angleterre et les princes de Hapsbourg. Malgré les efforts de tant de mains royales, la scrofule n’a fait que se répandre de plus en plus dans les classes malheureuses de l’Europe. Je crains bien que les Mesmer modernes ne soient ni plus ni moins heureux dans la tâche louable, si elle n’était lucrative, qu’ils ont entreprise de bannir la maladie de la société humaine. Ce n’est pas qu’il manque de faits et de raisonne-