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devins de l’antiquité et les astrologues. Ils laissaient à l’événement le soin de les éclaircir. On exige plus des somnambules. À notre époque, on ne veut que des phrases franches et claires. C’est ce qui les a déjà perdus aux yeux des observateurs sérieux. J’ai compulsé tous les procès-verbaux des expériences dont on a cru devoir conserver le souvenir et je n’y ai trouvé, en fait de prévision, que des erreurs grossières. Si parfois quelques mots heureux sont sortis de la bouche des somnambules, c’est que l’avenir existe jusqu’à une certaine limite en germe dans le présent. Les événements actuels préparent les événements futurs. Sans cet enchaînement logique des choses, la science politique n’aurait pas sa raison d’être. Et si des faits généraux on descend aux faits particuliers, il est bien certain que très-souvent il suffit de connaître les habitudes, les goûts, le caractère d’une personne pour juger à priori du parti qu’elle prendra dans une circonstance donnée. C’est là un genre de calcul de probabilités qui est très accessible dans l’état de veille, mais pour lequel l’intelligence en l’état de somnambulisme peut présenter une plus grande dose de perspicacité. Mais si l’avenir dépend en effet des données du présent, il y a toutefois entre le le moment où se fait la prédiction et celui où les événements prédits pourraient s’accomplir un certain intervalle pendant lequel il surgit souvent de nouvelles données capables de modifier ou même d’annihiler les effets lo-