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diges qui ont fait accorder aux magnétisés les dons de parler des langues à eux inconnues, de prédire l’avenir, de lire dans leur propre corps et dans celui des autres les altérations pathologiques qui ont envahi les organes, celui enfin de trouver les moyens capables de remédier à ces altérations.

C’est parce que la mémoire et la facilité d’élocution acquièrent une activité prodigieuse dans l’état de somnambulisme que des magnétisés ont pu prononcer quelques mots incohérents, rappelant jusqu’à un certain point les termes grecs, anglais ou italiens dont sont semées la plupart des publications françaises ; mais j’ai assez analysé tout ce qui a été écrit sur le magnétisme pour rester convaincu que jamais on n’a vu un sujet improviser une langue qui lui fût littéralement inconnue. D’ailleurs, ce ne sont pas quelques débris jetés çà et là qui peuvent constituer un véritable langage, et il n’existe pas de relation de somnambule ayant soutenu une conversation dans un idiome non appris.

Le magnétisme est le terrain des contrastes ; aussi voyons nous l’affaissement succéder tout à coup à ce développement de la faculté d’élocution. C’est ainsi que se réalise encore artificiellement une des formes de la pathologie cérébrale, cette affection dite aphémie dans laquelle la pensée conserve toute sa vigueur, l’appareil générateur de la voix toute la pureté de son mécanisme, et où cependant les mots se refusent impitoyablement à