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bonne foi de deux observateurs aussi habiles ? Je l’ignore, mais le respect et l’admiration que je professe pour M. Rostan ne vont pas jusqu’à me faire admettre avec lui, comme vrai, un fait qui, physiquement et physiologiquement, est tout à fait impossible. Dans l’exercice de la vision il y a autre chose qu’un ébranlement moléculaire perçu par une membrane, transmis par un nerf et apprécié par le cerveau. Pour que le moi acquière l’idée de la forme, il faut que les objets viennent pour ainsi dire se photographier sur la rétine ; il faut que les rayons réfléchis par les divers points de l’objet, viennent se concentrer dans autant de points distincts de la membrane visuelle, en conservant ou plutôt en reproduisant les rapports respectifs des points d’émergence ; il faut que malgré la diffusion des ondes lumineuses chaque molécule de l’objet ne vienne ébranler qu’un seul et même point de la rétine. Ce problème n’a pu recevoir dans la nature entière que deux solutions malgré la richesse et la variété que le Créateur a déployées sous d’autres rapports dans l’organisation animale ; ou bien des cônes multiples qui isolent les groupes de rayons d’origine diverse, reproduisent l’objet sous forme d’une mosaïque ; ou bien un système lenticulaire convergent donne lieu à la formation d’une image continue à l’instar de tous nos appareils d’optique. Sans l’un de ces deux moyens d’action, la vision réelle devient totalement impossible. Aussi n’existe-t-il