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le premier cas, il n’y a pas lieu de croire que l’élection naturelle, parfaitement inactive depuis 6 000 ans, ait produit à ces dates reculées, les effets qu’elle ne produit plus aujourd’hui. Dans le second cas, pour résister au changement soudain de toutes leurs conditions d’existence, les êtres alors vivants auraient eu besoin de subir, dans l’ensemble de leur organisme, une transformation également soudaine. Or l’élection naturelle qui n’opére qu’à la longue ne pouvait pas produire ces adaptations improvisées ; prise de court et n’ayant point à sa disposition les siècles dont elle a besoin pour transformer les espèces en accumulant les différences, elle était impuissante à sauver ses élus. En somme, ou elle n’a rien fait, ou ce qu’elle a entrepris a été immédiatement interrompu et les espèces qu’elle commençait à produire ont péri avant d’être achevées. Enfin « si cette transformation progressive des êtres était un fait réel, si les animaux et les végétaux les plus simples avaient en se perfectionnant, donné naissance à des êtres plus complexes, la paléontologie en découvrirait des traces. En passant d’une période géologique à l’autre, on trouverait des êtres en voie de transformation, de véritables intermédiaires qui représenteraient toutes les phases de ces métamorphoses. Mais loin de là, nous observons, au contraire, en comparant les êtres organisés de deux périodes successives, une interruption brusque entre les formes animales ou végétales ; nous constatons que des