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et non sous la loi d’une préférence raisonnée que se font les unions des êtres vivants, et je ne pense pas qu’aucun naturaliste prête au mâle dont la constitution offre quelque particularité avantageuse, le désir de chercher entre mille une femelle en qui le même accident se rencontre. On peut donc croire à priori que ces particularités sont destinées, dans les espèces sauvages, à rester ce qu’elles sont, des accidents individuels, et que l’élection naturelle, à qui de si hautes destinées étaient promises, sera arrêtée dès la première génération par une promiscuité qui assure le retour au type commun. En un mot qui regardera de quelles manières opposées les naissances sont préparées par l’homme et par la nature, comprendra que si l’homme travaille à la formation des races, la nature veille à la fixeté des espèces.

Et c’est aussi ce que nous fait voir l’expérience, dont le témoignage décide tout dans une question de fait. En réalité, les espèces sont fixes, soit dans le règne végétal, soit dans le règne animal. Les variations qui s’y rencontrent sont ou purement accidentelles et destinées à s’éteindre avec l’individu dans lequel on les voit apparaître, ou très-superficielles lorsqu’elles ont pour cause l’influence continue de quelque circonstance extérieure[1]. L’espèce elle-même n’a pas changé

  1. « Les seules différences qu’on observe chez les animaux sauvages, se bornent à quelques légères variations dans la taille, dans l’a-