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sert d’introduction à sa théorie, loin de favoriser l’hypothèse de la mutabilité des espèces, atteste que leur fixité résiste du moins à tous les efforts de l’industrie humaine. C’est pourquoi notre auteur, après avoir fort exalté le pouvoir électif de l’homme, le réduit à très-peu de chose en le comparant aux effets prodigieux qu’il prête et qu’il doit prêter à l’élection naturelle. Cependant, si l’homme disposait en cette matière d’un moyen qui ne fût point à l’usage de la nature, et si ce moyen était tel que rien ne pût se faire sans lui, il faudrait bien reconnaître que l’homme, avec sa courte vie, peut plus ici que la nature avec des siècles sans nombre. Ce moyen, c’est le choix des parents. Pour faire une race douée de tel caractère voulu et déterminé, il ne suffit pas de lui donner pour père un sujet qui offre la première ébauche de ce caractère ; il faut l’unir à une mère en qui le même trait se rencontre. Autrement, l’accident qu’on voulait perpétuer s’affaiblira dès la seconde génération, et disparaîtra à la troisième où à la quatrième. C’est à ce double choix et à ces unions méthodiquement assorties, que l’industrie humaine préside, non pas une fois pour toutes et au début, mais à chaque génération nouvelle ; par là et par là seulement le trait qu’on veut donner à une race se précisant de plus en plus au lieu de s’effacer rapidement comme il arriverait si la production était livrée à elle-même. Or, dans la nature, la production est livrée à elle-même. C’est sous l’influence d’un instinct aveugle