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ditions d’une hypothèse acceptable ? S’accorde-t-elle avec les faits qu’elle prétend expliquer ? Les analogies sur lesquelles elle s’appuie ont-elles une valeur sérieuse ? Ne prête-t-elle aux causes qu’elle invoque qu’une action dont ces causes soient capables ? Essayons, en nous appuyant sur les témoignages les plus certains de la science, de répondre à ces questions qui sont bien des questions d’histoire naturelle, mais qui, par un certain côté, le plus grand, sont aussi des questions de méthode et de métaphysique.

Je me place tout d’abord à la racine même de la nouvelle théorie, et je remarque que l’élection artificielle n’a jamais eu le pouvoir de transformer une espèce en une autre espèce. Les variétés qu’elle obtient, quelque étendues que soient leurs limites et quelque frappantes que soient leurs différences, n’ont jamais ni entamé les caractères principaux de l’espèce, ni fait obstacle à la fécondité indéfinie des races d’une même espèce les unes avec les autres, ni produit une espèce nouvelle. Avec un père et une mère de l’espèce chien, l’industrie humaine a fait des variétés sans nombre, depuis le King-Charles lilliputien jusqu’au dogue énorme ; elle n’a jamais obtenu autre chose qu’un chien, jamais un chat, ou seulement un loup ou un chacal[1]. Bien plus, il a été impossible de jamais créer par

  1. « Les effets les plus marqués de l’influence de l’homme se montrent sur l’animal dont il a fait le plus complétement la con-