Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/519

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 381 —

de précision qui fonctionnent avec tant d’aisance, y compris l’œil de l’homme ou de l’aigle, tous ces instincts dont l’infaillibilité nous confond, y compris l’instinct prophétique du nécrophore et l’instinct géométrique de l’abeille.


Tel est, en résumé, cet ingénieux et fragile système, qu’il convient lout d’abord d’appeler de son vrai nom, une hypothèse.

M. Darwin, en effet, ne prouve ni par expérience, ni par raison la nécessité ou la réalité de sa thèse. Toutes ses explications, toutes ses inductions, tous ses raisonnements par analogie ne vont absolument qu’à établir sa possibilité. Je ne dis pas que M. Darwin borne là ses prétentions. Je sais bien, au contraire, qu’il se flatte d’avoir retrouvé les parchemins qui établissent la descendance commune de tous les vertébrés et la très-proche parenté de l’homme et du singe. Mais je dis qu’en lui accordant un à un tous les postulata de son livre, on lui aura en réalité accordé une seule chose, à savoir que la théorie de l’élection naturelle explique d’une manière acceptable la multiplicité et la perfection des espèces actuelles, — concession d’où il ne résulte nullement que cette explication doit être préférée à toute autre comme la meilleure, encore bien moins comme la seule bonne.

Mais cette concession même y a-t-il lieu de la faire ? La théorie de M. Darwin réunit-elle du moins les con-