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ment formé ; et l’individu modifié est placé dans les conditions de vie qui lui sont le plus favorables. Les caprices de l’homme sont si changeants, sa vie est si courte ! Comment ses productions ne seraient-elles pas imparfaites en comparaison de celles que la nature peut perfectionner pendant des périodes géologiques tout entières ? On peut dire par métaphore que l’élection naturelle scrute journellement, à toute heure, et à travers le monde entier, chaque variation, même la plus imperceptible, pour rejeter ce qui est mauvais, conserver et ajouter tout ce qui est bon ; et qu’elle travaille ainsi, insensiblement et en silence, partout et toujours, dès que l’opportunité s’en présente, au perfectionnement de chaque être organisé. Nous ne voyons rien de ces lentes et progressives transformations, jusqu’à ce que la main du temps les ait marquées de son empreinte en traversant le cours des âges[1]. »

Ainsi c’est par des accumulations insensibles, inconscientes, aveugles, que la nature, ayant pour matériaux quelques types très-inférieurs, quelques organismes très-rudimentaires, peut-être moins que cela, la vésicule germinative commune à l’animal et au végétal, a produit tous ces admirables organismes devant lesquels le naturaliste s’agenouille, tous ces instruments

  1. De l’origine des espèces, p. 119-121.