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ci, il choisit encore ceux en qui le trait qui a fixé ses préférences est plus fortement accusé ; et continuant d’opérer d’après le même principe, il voit, à chaque génération, le type qu’il poursuivait se préciser davantage jusqu’à sa réalisation complète dans une race nouvelle qui est son œuvre. C’est ainsi qu’en accumulant héréditairement, et toujours dans la même direction, des différences primitivement fortuites, on a pu créer tant de races de chevaux, de chiens, de bœufs, de moutons, de pigeons, offrant chacune un caractère particulier qui domine tous les autres et frappe dès le premier coup d’œil. Ces races sont vraiment ce qu’on a voulu qu’elles fussent. Il semble, dit un écrivain anglais, Lord Somerville, « qu’on ait esquissé une forme parfaite et qu’on lui ait ensuite donné l’existence. » Appelons élection artificielle méthodique ce procédé qui, à chaque génération, choisit certains individus de préférence à tous les autres, en vue d’un perfectionnement déterminé qu’on veut introduire dans l’espèce. Et appelons élection artificielle inconsciente celle qui résulte de ce que chaque propriétaire d’animaux domestiques, sans songer à la création d’une variété nouvelle, s’efforce naturellement de posséder les meilleurs individus de chaque espèce et d’en multiplier la race. Ainsi, un homme qui désire un chien d’arrêt, se procure le meilleur chien qu’il peut, mais sans avoir aucun désir ou aucune espérance d’altérer la race d’une façon permanente par ce moyen. Néanmoins, nous