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Dieu, mais une force imparfaite et progressive comme celle dont l’industrie humaine dispose. Ce sera là, sans doute, la conclusion de tout le livre De l’origine des espèces ; mais dès le début, c’en est déjà le principe ou tout au moins le postulatum.

L’originalité de la nouvelle théorie n’est donc pas dans son esprit qui est fort ancien, ni dans ses résultats qui sont fort semblables à ceux que Lamark avait déjà cru atteindre. Elle est dans la théorie elle-même, et dans la façon dont elle s’y prend pour se passer de la Providence.

M. Darwin constate que dans les espèces domestiques, les produits d’un couple quelconque ne sont parfaitement semblables ni à leurs parents, ni les uns aux autres. Chacun offre, à côté des caractères communs à tous, quelques traits qui lui sont propres et constituent sa physionomie individuelle. Ces différences, tout accidentelles qu’elles sont et tout insignifiantes qu’elles paraissent, sont cependant le point de départ de la formation des races domestiques, profondément distinctes entre elles. L’éleveur intelligent met à part, comme reproducteur futur, l’individu en qui il a rencontré quelque particularité qui lui plaît ; il l’accouple avec un autre individu offrant accidentellement le même caractère, et il retrouve ce caractère dans tous les produits de la seconde génération. Parmi ceux--