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nes. « Quiconque » dit Cuvier « ose avancer sérieusement qu’un poisson, à force de se tenir au sec, pourrait voir ses écailles se fendiller et se changer en plumes, et devenir lui-même un oiseau ; ou qu’un quadrupède, à force de pénétrer dans des voies étroites, de se passer à la filière, pourrait se changer en serpent, ne fait autre chose que prouver la plus profonde ignorance de l’anatomie[1]. »

J’aborde maintenant l’hypothèse toute récente et déjà célèbre de M. Darwin. Fort différente de celle de Lamark, quant aux moyens de modification employés par la nature, elle a le même point de départ, à savoir l’idée de la production progressive et spontanée des formes organiques à partir d’un très-petit nombre de types primitifs, peut-être d’un seul[2] ; elle vise au même but, ou du moins arrive au même résultat, à remplacer l’action intentionnelle de la Providence par l’action inconsciente

  1. Cuvier, Anatomie comparée, p. 100.
  2. « Je pense que tout le règne animal est descendu de quatre ou cinq types primitifs tout au plus, et le règne végétal d’un nombre égal au moindre. L’analogie me conduirait même un peu plus loin, c’est-à-dire à la croyance que tous les animaux et toutes les plantes descendent d’un seul prototype ; mais l’analogie peut être un guide trompeur. » (Id. ib. p. 669.) Il faut tenir compte de cette réserve ; mais il faut remarquer aussi que tout le reste du paragraphe est consacré à faire ressortir la probabilité de cette analogie.