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fait tous ses efforts pour étendre et allonger ses pieds. Il en résulte que la longue habitude que cet oiseau et tous ceux de sa race contractent d’étendre et d’allonger continuellement leurs pieds, fait que les individus de cette race se trouvent élevés comme sur des échasses, ayant obtenu peu à peu de longues pattes nues. L’on sent encore que le même oiseau voulant pêcher sans mouiller son corps, est obligé de faire de continuels efforts pour allonger son col ; or, les suites de ces efforts, habituels dans cet individu et dans ceux de sa race, ont dû, avec le temps, lui allonger singulièrement le col, ce qui » (ajoute Lamark, sans se douter de la singulière naïveté de sa preuve) « est en effet, constaté par le long col de tous les oiseaux de rivage[1]. À ces exemples, on peut joindre celui de la forme de la giraffe, animal herbivore qui, vivant dans des lieux où la terre est aride et sans herbage, se trouve obligée de brouter le feuillage des arbres, et de s’efforcer continuellement d’y atteindre[2]. » De savoir comment vivra la giraffe jusqu’à ce que son col, primitivement de longueur modeste, arrive, à travers une longue suite de générations, à la hauteur des feuillages dont elle doit se nourrir, Lamark ne semble point s’en être inquiété,

  1. Lamark, Recherches sur l’organisation des corps vivants (57-88).
  2. Id., ib., p. 208.