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lent dans tout être vivant, dans chacun de ses organes et dans chacune des parties de chaque organe, il ne peut plus se contenter de les rapporter à un cas fortuit, il faut qu’il indique leur origine, qu’il dise les causes qui les ont produites, qu’il spécifie les circonstances qui ont favorisé cette production. C’est ce que tenta Lamark, du reste, autant que je puis croire, sans intention hostile à la Providence. La nature, selon lui, tend à la complication progressive des formes organiques. Elle n’a pas créé du premier coup les organismes, aujourd’hui si distincts, que nous appelons espèces, mais seulement un très-petit nombre de types très-simples, peut-être un seul, duquel ou desquels les espèces sont descendues par des transformations et multiplications successives d’organes. « Du temps et des circonstances favorables, voilà les deux principaux moyens qu’elle emploie pour donner l’existence à ses productions[1]. » Mais ces moyens ne suffiraient pas s’il n’y avait dans l’être vivant quelque principe d’activité interne capable de mettre à profit les opportunités que lui offre la nature. Ce principe, appelé par Lamark pouvoir de la vie, agit suivant les deux lois suivantes : 1o dans les circonstances favorables, le besoin produit les organes ; 2o l’habitude les développe.

  1. Lamark, Recherches sur l’organisation des corps vivants, p. 51.