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au contraire avec toute la certitude dont l’esprit des hommes est capable : Ces magnifiques débris sont les restes d’une architecture majestueuse qui florissait dans l’ancienne Égypte ? Voilà ce que la simple raison fait dire au premier coup d’œil et sans avoir besoin de raisonner. Il en est de même du premier coup d’œil jeté sur l’univers. On peut s’embrouiller soi-même après coup par de vains raisonnements pour obscurcir ce qu’il y a de plus clair, mais le simple coup d’œil est décisif. Un ouvrage tel que le monde ne se fait jamais de lui-même : les os, les tendons, les veines, les artères, les nerfs, les muscles qui composent le corps de l’homme, ont plus d’art et de proportion que toute l’architecture des anciens Grecs et des Égyptiens. L’œil du moindre animal surpasse la mécanique de tous les artisans ensemble[1]. »


La doctrine du hasard reste donc aujourd’hui ce qu’elle était au temps de Fénelon, ce qu’elle était au temps d’Épicure, une abdication de la raison, si elle n’est qu’un aveu d’ignorance ; un renversement de la raison, si on donne le hasard, c’est-à-dire l’absence d’intention et de dessein, pour un principe d’ordre. Si donc un naturaliste refuse de rapporter à une cause intelligente les adaptations merveilleuses qui se révé-

  1. Fénelon, Traité de l’existence de Dieu, 1re partie, ch. III.