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moins que ces pointes aient été taillées avec art comme un escalier pour la commodité des hommes. Tout de même, quand on est à la campagne pendant un orage, et qu’on rencontre une caverne, on s’en sert comme d’une maison pour se mettre à couvert : il n’est pourtant pas vrai que cette caverne ait été faite exprès pour servir de maison aux hommes. Il en est de même du monde entier : il a été fait sans dessein : mais les êtres qui le composent, se trouvant constitués d’une certaine façon ont tourné à leur usage l’organisation qu’ils avaient fortuitement reçue. » Voilà l’objection. Voici la réponse. « Il ne s’agit pas de comparer le monde à une caverne informe qu’on suppose faite par le hasard ; il s’agit de le comparer à une maison où éclaterait la plus parfaite architecture. Le moindre animal est d’une structure et d’un art infiniment plus admirable que la plus belle de toutes les maisons. Un voyageur entrant dans le Saïde qui est le pays de l’ancienne Thèbes à cent portes et qui est maintenant désert, y trouverait des colonnes, des pyramides, des obélisques, avec des inscriptions en caractères inconnus. Dirait-il aussitôt : Les hommes n’ont jamais habité ces lieux ; aucune main d’homme n’a travaillé ici : c’est le hasard qui a formé ces colonnes, qui les a posées sur leurs piédestaux, et qui les a couronnées de leurs chapitaux avec des proportions si justes ; c’est le hasard qui a taillé ces obélisques d’une seule pierre et qui y a gravé tous ces caractères ? Ne dirait-il pas