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portion si considérable entre le nombre des catalepsies spontanées et celui des catalepsies magnétiques, cela tient à ce que la prédisposition peut rester à l’état latent pendant toute la durée de l’existence, faute d’une cause provocatrice suffisante. Si on a obtenu dans une séance six cataleptiques sur quatorze hypnotisés, cela tient surtout au pouvoir de l’imagination et de l’imitation dans les affections de ce genre. Témoins ces trois cordeliers qui, appelés successivement pour terminer une même messe, tombèrent tous trois en catalepsie au moment de l’élévation. Le système locomoteur peut encore dans l’hypnotisme présenter une modification tout aussi curieuse que la précédente, c’est la perversion du sens musculaire. Dans l’état normal, chacun de nos muscles, par les impressions qu’il communique au cerveau, sent pour ainsi dire ce qu’il fait. Il apprécie le poids des objets et il peut ainsi proportionner l’effort à la résistance. Cette notion peut manquer à l’hypnotisé, et il devient la dupe des assertions mensongères de son magnétiseur. Rien n’est curieux comme de le voir soulever avec peine l’objet le plus léger, quand on lui assure qu’il est très-lourd ; il sue sang et eau pour déplacer une plume qu’on lui dit être un meuble pesant ; il y a là, il est vrai, avant tout, l’influence de l’imagination ; mais celle-ci ne réussit si bien à tromper que parce qu’elle n’est plus guidée par le sens musculaire qui se trouve aboli. Il n’y a rien, du reste, dans le