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On le voit, nous n’avons point à craindre que la solidité du dogme de la Providence ne soit ébranlée par les théories dont je parle, quelque bruit qu’on ait fait ou qu’on fasse autour d’elles. D’abord elles ne sont que de pures hypothèses, soit que leurs auteurs l’avouent ou qu’ils n’en veuillent pas convenir. Si j’en crois en particulier l’impression finale qui reste de la lecture du livre de M. Darwin, la thèse de l’auteur, même en l’acceptant tout entière avec un excès de complaisance, prouverait simplement ceci : que la diversité des formes organiques en espèces a pu à la rigueur être progressivement produite d’une manière inconsciente par certaines forces et en vertu de certaines lois naturelles ; mais je ne pense pas qu’on rencontre chez lui aucun argument ni aucun fait tendant sérieusemement à démontrer que les choses ont dû se passer ou se sont passées effectivement comme cela. En second lieu, les naturalistes qui se complaisent dans ces théories prennent une position équivoque dont ils ne peuvent sortir que de deux manières. Ou bien ils iront résolument où les pousse l’esprit qui est au fond de leurs systèmes, je veux dire la tendance à se passer de Dieu ; et cet esprit les conduira au pur naturalisme et au pur athéisme, c’est-à-dire au comble de l’absurde et au renversement total de la raison ; sur ce terrain nous n’avons plus à les suivre. Ou bien ils laisseront à Dieu sa grande fonction de Créateur, et dès-lors il leur sera impossible de lui dénier, sans se contredire, le caractère de Providence,