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la manœuvre commandée par son général. Le général conçoit, le capitaine dirige, et le soldat exécute. Mais chacun d’eux conserve et exerce sa volonté dans sa sphère d’action. Telle est l’image de ce qui se passe entre magnétiseur et magnétisé. C’est le premier qui conçoit et ordonne, c’est le second qui exécute ; mais en exécutant, il fait acte de volonté ; car il faut bien qu’il commande à ses muscles d’exécuter le mouvement demandé. S’il obéit sans résistance, s’il ne veut que ce que veut son magnétiseur, c’est que dans le sommeil de son intelligence il n’entrevoit pas la possibilité de vouloir autre chose. Encore ai-je pu constater que très-souvent il se refuse à faire ce qui lui déplaît, et s’il finit par céder, c’est pour couper court aux obsessions dont il est le sujet.

En définitif, dans l’état magnétique, de même que dans le rêve et le somnambulisme naturel, la volonté persiste comme faculté physiologique qui commande à nos organes ; et si elle paraît modifiée, abolie comme faculté purement morale, c’est que dans tous ces cas, elle subit plus que dans l’état de veille la tyrannie de l’idée qui la détermine ; elle est suscitée par une idée propre mais vague et confuse dans le rêve, par une idée spontanée, juste, mais fixe, chez le noctambule ; et chez le magnétisé par des idées nées ailleurs et qui sont imposées à l’inertie de son intelligence.

Rien n’est plus propre à faire ressortir l’identité