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des choses divines. Il veut, et il arrive à concevoir ces visions qui sont l’objet de ses aspirations et qu’il prend pour des réalités. Mais en s’engageant dans cette direction, sa volonté n’est pas complétement affranchie. Elle suit une impulsion que lui donne de longue main un sentiment religieux poussé à l’excès. Ainsi enchaînée, dominée par cet ordre d’idées, sa volonté peut prendre même un caractère passif et subir l’influence étrangère d’hommes auxquels leur caractère religieux donne un ascendant spécial. Ici la volonté subit avant tout le joug d’idées aborigènes, mais nous voyons déjà apparaître la possibilité d’une influence étrangère que nous trouvons régnant seule dans le magnétisme. En effet, cette passivité de la volonté, ou plutôt de la conception est encore plus marquée dans le magnétisme. La volonté n’est plus l’esclave d’une idée engendrée par celui qui la manifeste ; elle devient l’esclave d’une autre intelligence.

Chez le somnambule artificiel, toutes les facultés de l’âme tendent à rester plongées dans l’inertie, et elles n’en sortent que lorsqu’elles sont provoquées par un appel extérieur. Ce sont des cordes prêtes à vibrer, mais qui ne vibrent que lorsqu’on les ébranle. Abandonné à lui-même, il ne penserait, il ne voudrait rien. Mais sitôt qu’une idée lui a été transmise, il la fait, il la croit sienne, et il la veut comme s’il l’avait créée. S’il paraît dépouillé de la volonté, c’est qu’avant de