Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxvi

dans certaines conditions physiologiques toutes naturelles, il n’y a pas lieu de penser qu’elle ne puisse pas l’être dans un état artificiel qui se signale surtout par le trouble de toutes les facultés intellectuelles. Mais après mûre réflexion, je suis resté convaincu que chez les magnétisés, l’abolition de la volonté était plus apparente que réelle ; que chez eux ainsi que dans toutes les circonstances où elle nous apparaît affaiblie, elle est plutôt modifiée, soit dans ses moyens de détermination soit dans ses moyens d’action, que menacée dans sa propre existence. Pour bien préciser ce qu’elle devient dans le magnétisme, nous devons encore aller chercher nos termes de comparaison successivement dans le rêve simple, le somnambulisme, l’hystérie et l’extase.

Le rêveur est le jouet de pensées qui ont pris leur germe dans ses actes et ses sensations de la veille, mais qui, n’étant plus maintenues dans leur développement par la raison absente et par la conscience de ce qui est réellement, tombent dans l’invraisemblance. Ici la conception existe, mais elle est erronée. La volonté persiste dans toute son intégrité. Elle veut l’exécution des actes que provoque le sujet de rêve ; mais comme les organes de la vie de relation sont plongés dans le sommeil, les agents d’exécution lui font défaut. Elle reste à l’état de simple idée. Faute de moyens d’action, elle n’aboutit pas. De là ce sentiment si pénible d’impuissance qui fait tant souffrir le rêveur sous le nom