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Ce n’est pas seulement dans certaines conditions pathologiques spontanées que l’on constate l’émancipation des mouvements qui, dans l’ordre physiologique, restent toujours et absolument soumis à l’empire de notre volonté. Elle peut se produire chez toutes les personnes saines d’esprit et de corps, chez les personnes de tout tempérament, sous l’influence d’une trop grande application de l’attention et d’une tension musculaire trop prolongée. C’est ainsi que peut s’expliquer le succès prodigieux qu’a obtenu il y a quelques années, une de ces mystifications qui trouvent leur source dans ce travers inhérent à notre humanité, l’amour du merveilleux. Je veux parler des tables tournantes.

Les tables ont pu tourner, même contre le gré des opérateurs, parce que à mesure que l’attention se fatigue, la volonté perd de plus en plus de sa fermeté ; parce que les doigts fatigués par une position longtemps observée deviennent le siége d’oscillations fibrillaires tout à fait involontaires et inscientes.

Il est vrai que dans cette période vertigineuse qui finit par cesser faute de combattants, on faisait non-seulement tourner les tables, mais on les forçait à parler et à écrire. Malheureusement elles avaient l’indélicatesse de reproduire les fautes d’orthographe et de grammaire habituelles chez celui qui les interrogeait.

Du moment où nous voyons la volonté s’altérer