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matières aussi nouvelles encore, aussi embrouillées que l’étaient celles dont nous venons d’avoir à vous parler, c’était un don précieux que celui-là.

Du reste, il ne faudrait pas croire que M. Ménant n’eût d’aptitude que pour assister à des découvertes, les comprendre et les raconter. Coopérateur d’une partie de celles de M. Oppert, il en a fait aussi pour son propre compte ; témoin son bel Essai sur les briques de Babylone, qui date de 1859 ; témoin surtout son travail, plus récent, sur les inscriptions de Hammou-Rabi.

Qu’est-ce que Hammou-Rabi ? dira-t-on. Ce personnage, qui n’est plus pour nous une figure vaporeuse, puisque nous en sommes à posséder l’un des fragments matériels de son sceptre, était l’un des rois de la première dynastie chaldéenne ; de celle qui, précédant la grande puissance de Ninive, avait succédé directement à ces nébuleuses dynasties, chusites ou touraniennes, dont Justin nous donne une idée vague. Antérieur de mille ans à Nabucodorrosor, Hammourabi nous laisse dans ses inscriptions le souvenir des faits majeurs de son règne, travaux dirigés tous vers l’utilité de ses peuples. Si ce vieux monarque sémite pouvait sortir de son tombeau, il verrait avec intérêt, sans doute, nos contemporains retrouver sa langue, ressusciter jusqu’à ses paroles, et, trois mille quatre cents ans après lui, reconduire le fleuve de la science vers ces