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sorts. Il semble avoir perdu complétement la faculté volonté, ce caractère le plus intime du moi et de la personnalité humaine. Cette domination d’un individu sur un autre m’a longtemps répugné à admettre. Il me semblait que dans aucun cas Dieu n’avait dû permettre une pareille atteinte au libre arbitre, ce plus précieux attribut de l’humanité ; mais j’ai dû me rendre à la rigueur des faits, et il m’a fallu surtout cesser mes hésitations, en voyant des phénomènes analogues se produire dans divers états pathologiques.

Des extatiques, obéissant à la voix de leur confesseur ont abandonné leurs visions premières pour s’en créer de nouvelles qui leur étaient pour ainsi dire dictées.

L’homme qui, dans l’espoir de se procurer des jouissances surhumaines, s’est abandonné à l’influence pernicieuse du hatschisch, trouve à côté d’un surcroît d’énergie intellectuelle et d’une plus grande rapidité de conception, un affaissement de la volonté qui le met, même pour ses hallucinations, à la merci de ses interlocuteurs. On peut, à l’aide de quelques mots lui imposer de la gaîté ou de la tristesse.

Dans l’hystérie, la volonté se trouve quelquefois dominée et presque détruite par une préoccupation. Les personnes qui en sont atteintes exécutent souvent, et cela d’une manière irrésistible, les actes qu’elles s’appliquent le plus à éviter ; elles disent malgré elles les choses qu’elles s’efforcent le plus de taire.