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moitié en syllabisme sonore. — Comment se tirer d’un pareil dédale ?

Eh bien, la patience, qui est l’instrument des victoires, a triomphé d’un tel obstacle. À force de comparer des textes, on est parvenu à reconnaître l’identité de mots qui se présentaient sous des aspects profondément divers, et à déterminer quel devait être le phonétisme réel de termes dont tout ou partie ne se trouvait être écrit qu’en signes hiéroglyphiques.

Chose merveilleuse surtout : on en est arrivé à se garantir d’une illusion presque inévitable : celle de certains phonétismes faux, que tout semblait autoriser. Car tel signe assyrien a deux valeurs de son ; l’une sa valeur originelle, qu’il tenait des peuples primitifs, anté-historiques, qui inventèrent le système cunéiforme (bien antérieur au règne des langues et des alphabets sémitiques) ; l’autre sa valeur postérieure ou d’hiéroglyphe, laquelle, lorsque le caractère n’est pris que comme simple idée, exige qu’on le prononce sémitiquement et dans la langue des Ninivites ou des Babyloniens[1]. Rien de plus extraordinaire que n’était

  1. Dans une lettre à M. Oppert (53e cahier de la Revue orientale), M. Léon de Rosny vient d’émettre, au sujet de phénomènes plus ou moins analogues, présentés par l’écriture japonaise, certaines remarques dont il est bon que les linguistes prennent connaissance.