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des idées de la raison, il ne reste plus l’ombre d’un prétexte pour méconnaître celle des autres principes et des autres idées qui viennent de la même origine et se présentent avec les mêmes caractères, par exemple de l’idée d’infini et du principe de causalité. Si jamais, mon cher Philalèthe, tu as occasion de plaider la cause de la certitude contre des sceptiques honnêtes qui croient pouvoir rester en bons termes avec la morale tout en demeurant brouillés avec la métaphysique, insiste beaucoup sur cette solidarité mutuelle de toutes les idées de la raison ; démontre que leur sort est commun comme leur origine, qu’il faut ou les proscrire ou les accepter toutes ensemble, et que si l’idée de Dieu s’en va, l’idée du devoir ne peut en aucune façon rester, non-seulement parce que Dieu est la source du devoir, mais encore parce que, à considérer simplement ces deux idées comme sœurs, douter de l’une c’est nécessairement douter de l’autre.

Mais tenons-nous en à la critique de la raison pure. Je dis que la formule même qui en résume les conclusions sceptiques est une affirmation objective, et que Kant nous la propose non plus seulement comme une loi de l’esprit, mais comme une loi des choses, comme une loi de l’Être absolu lui-même. Voici en effet cette formule, telle qu’elle se dégage de toute notre discussion :

Comme il est impossible qu’un être pensant con-