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est bien aisé, mais dans l’exposition même de son scepticisme.

Philalèthe.

Ce serait là, sans doute, Socrate, ta seconde méthode, et certes, elle serait excellente. Penses-tu qu’elle soit applicable à la critique de la raison pure ?

Socrate.

Je n’en doute pas, mon cher. Tu m’as dit toi-même que nous aurions bien beau jeu si nous voulions opposer au scepticisme spéculatif de cet ouvrage le dogmatisme moral de la critique, de la raison pratique. L’idée du devoir est assurément très-objective, et ce n’est qu’à cette condition qu’elle a droit de nous commander. Réduisez-là, en effet, à n’être qu’un simple phénomène subjectif de notre pensée, elle perd aussitôt ce caractère impératif qui en fait une loi et qui est si bien marqué dans la belle formule de la morale Kantienne : agis de telle sorte que ton acte puisse être érigé en loi universelle pour l’activité de tout être libre. Le pas est franchi, nous sommes hors de la sphère subjective ; de l’aveu de Kant nous y sommes légitimement ; et dès lors, après qu’on a reconnu la valeur objective d’un seul des principes et d’une seule