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comme un problème à résoudre par le raisonnement la question qu’il pose en ces termes : la raison humaine a-t-elle une valeur objective, est-elle capable de se mettre en possession de la vérité ? Il est évident qu’en voulant prouver démonstrativement l’affirmative, on prend pour accordée cette affirmative elle-même, paralogisme qu’on appelle dans l’École résoudre la question par la question ou faire une pétition de principe. Car avec quel instrument prétendez-vous opérer notre démonstration ? avec l’instrument même dont on vous conteste la valeur et dont on rejette les produits. Pour que vous pussiez joindre le sceptique par un procédé de ce genre, il faudrait qu’il convînt avec vous et de la vérité du principe, que vous posez comme majeure, et de la légitimité du raisonnement à l’aide duquel vous tirez la conclusion. S’il accorde cela, il n’est plus sceptique, et votre raisonnement est inutile. Mais il n’a garde ; il vous laisse faire, il attend que vous ayez élevé votre château de cartes que vous prenez pour un château de pierres, puis lestement il s’élance, souffle dessus et s’enfuit en faisant la grimace.

Ne donnons pas dans ce piége, et contentons-nous d’avoir poussé le sceptique dans l’absurde qui fait rire et qui fait pitié, à moins que nous ne puissions lui arracher à lui-même quelque désaveu de son système et le prendre, si je puis dire, en flagrant délit de foi à l’objectif, non pas seulement dans la vie pratique, ce qui