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sont relatives, que ces vérités universelles sont particulières, que ces vérités nécessaires sont contingentes. Pouvons-nous désirer, mon cher Philalèthe, une contradiction plus décisive contre le scepticisme et plus rassurante pour nous ?

Philalèthe.

À merveille, Socrate ; je n’ai plus peur, et je vois bien que nous n’avions affaire qu’à des ombres, sur lesquelles il suffisait de marcher l’épée à la main, comme l’Énée de Virgile. Mais, m’as-tu dit, ce n’est là qu’une des deux bonnes manières de réfuter le scepticisme. Il y en a donc une autre ? et il y en a donc aussi une mauvaise ? Indique-moi d’abord cette dernière, de peur que je ne fasse contre le scepticisme une de ces fausses campagnes qui compromettent la cause de la vérité.

Socrate.

Je le ferai de grand cœur et en peu de mots. Je te dirai donc que le premier défaut dans lequel on tombe ici, c’est de vouloir tout prouver. Il y a des vérités qui ont besoin de preuves ; ce sont celles que l’on n’atteint qu’à travers des intermédiaires, à travers des moyens termes, comme disent les logiciens. L’existence de Dieu est du nombre ; bien qu’elle soit première dans l’ordre