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intellectuelle qui mette une intelligence quelconque, divine ou humaine, à l’abri de ce scepticisme s’il a quelque valeur. Dieu lui-même ne peut pas nous faire autrement qu’en nous donnant un esprit pour connaître la vérité, et si l’on prétend que c’est précisément notre esprit qui l’empêche de la connaître, il ne reste plus à dire qu’une chose, c’est que le seul moyen de nous mettre en rapport avec l’objectif ce serait de supprimer le subjectif, ou, en ta langue française, que pour atteindre la vérité, la première condition serait de ne pas penser. Que dis-tu de cette conclusion toute à l’honneur des arbres et des pierres ?

Philalèthe.

Je dis, mon cher Socrate, qu’elle me paraît très-justement tirée et qu’elle me fait grand plaisir à entendre ; car elle juge le principe d’où elle sort.

Socrate.

C’est là, en effet, une des deux bonnes manières de réfuter le scepticisme. Il y a dans l’esprit humain un fond imperturbable de bon sens et de raison qui résiste à toutes ses atteintes, et qui, prenant l’offensive à son tour, le jette à la mer en un tour de main, je veux dire dans le pur absurde et dans le risible. Nous savons bien que nous existons, nous savons bien que nous