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ment le principe même de la certitude, et nous montrons que quand on conclut de ce que notre intelligence n’est ni infinie ni infaillible, qu’elle est incapable de saisir la vérité dans certaines limites et sous certaines conditions, on fait un bien pauvre sophisme. Que la raison soit toujours d’accord avec elle-même, le scepticisme de Kant n’en sera point ébranlé ; car ce qu’il lui reproche ce n’est pas de se contredire, c’est de n’être autre chose qu’un ensemble de lois et de formes résultant de notre constitution intellectuelle, et de ne jamais pouvoir prouver que ces lois et ces formes, ces principes et ces idées ont une valeur objective.

Socrate.

Eh ! bien, c’est justement là que je l’attends. Tout son scepticisme revient à dire : je doute parce que je ne puis savoir si mes connaissances viennent de ce qu’il y a réellement des objets auxquels elles correspondent et dont elles sont la représentation fidèle, ou si elles viennent seulement de la constitution de mon esprit qui voit les choses non comme elles sont mais comme il est lui-même, qui peut-être, par conséquent, les voit comme elles ne sont pas et conçoit comme existant d’une certaine manière des choses qui n’existent point du tout.