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ticisme, je ne suis plus fort inquiet de l’avenir réservé à la raison et à la philosophie.

Philalèthe.

Pardonne-moi, Socrate, d’avoir mal interprété ton sourire. Ta sérénité me rend déjà confiance. M’en voudras-tu cependant si je te dis que peut-être en parles-tu bien à ton aise, et que, parvenu au séjour de la lumière sans ombre et de la vérité sans voile, peut-être ne te rends-tu pas assez compte des tentations et des découragements de notre esprit dans cette caverne d’ici-bas, où, selon ton disciple, nous ne voyons que des fantômes ?

Socrate.

Point du tout, mon ami, et la première chose que je voudrais te faire comprendre, c’est qu’ici, notre cause est commune, parce que notre situation est identique.

Philalèthe.

Comment dis-tu ? le scepticisme de Kant vous menacerait aussi là-haut dans les splendeurs de la vision intuitive de Dieu ?

Socrate.

Oui, mon cher, bien que cela paraisse étrange ; et si