Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 146 —

principe de causalité, par exemple, s’épanouit pour ainsi dire en nous, que nous prenions en elle notre point de départ pour nous élever du relatif à l’absolu et du contingent au nécessaire, cela est vrai ; mais cela ne constitue pas une intervention véritable de l’expérience dans la formation du principe ou de l’idée, qui restent bien, dans leur fond, des produits purement rationnels, ou, pour parler comme Kant, des produits de la raison pure. Mais son livre s’appelle « Critique de la raison pure ; » tu vas voir que ce titre n’est pas pour rien, et que sa critique n’est pas indulgente.

C’est ici surtout qu’il est nécessaire — et facile aussi — de dégager l’idée mère de la doctrine kantienne. Reproduite sous mille formes, appuyée de raisonnements au moins spécieux et de délicates analyses, elle circule dans tout son système comme un esprit intérieur, et elle s’accuse avec une vigueur et une netteté particulières à la fin de ses trois grands chapitres psychologiques qui sont l’ésthétique transcendantale ou étude de la sensibilité, la logique transcendantale ou étude du jugement, la dialectique transcendantale ou étude des idées qui sont l’objet propre de la raison. Kant l’a lui-même formulée dans les termes les plus absolus et les plus décourageants : le résultat de la critique, nous dit-il, est de démontrer que nous ne pouvons jamais dépasser par la connaissance les bornes de l’expérience. — Qu’est-ce en effet, selon lui, que l’élé-