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pas de donner à l’expérience sa possibilité et ses lois ; elle a un objet propre qui est l’absolu, et le mouvement par lequel elle tend vers lui, est vraiment son caractère spécifique. Quel qu’ait été son point de départ, c’est en lui qu’elle trouve son terme ; de l’imparfait, du fini, du contingent, du réel donnés par l’expérience, elle s’élève au parfait, à l’infini, au nécessaire, à l’idéal. Rien de ce qui ne se suffit pas à soi-même ne la satisfait, et comme le monde ne contient que des objets qui n’ont pas en soi leur raison d’être, c’est en dehors et au-dessus du monde qu’elle cherche l’absolu et l’inconditionnel ; c’est en Dieu qu’elle trouve l’être des êtres et la dernière raison des choses.

Socrate.

Je t’écoute, ô Philalèthe ! avec une joyeuse surprise, mêlée de quelque inquiétude. Quoi ! c’est donc là cet ennemi de la raison, ce sceptique à outrance qui ne reviendra au théïsme que par un détour illogique ! À tes dernières paroles, je croyais entendre mon grand disciple qui, sur tant de points, a vu plus haut et plus loin que son maître. Le procédé que Kant vient de décrire n’est, ce me semble, autre chose que la dialectique de Platon. Platon aussi nous conseille de nous servir des choses qui ne se suffisent pas à elles-mêmes, c’est-à-dire des vérités générales, des principes abstraits, non