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Socrate.

Je t’en dispense, et je n’insiste plus pour obtenir l’analyse exacte et complète que je te demandais tout à l’heure. Mais, mon ami, ne connais-tu aucun autre moyen de me faire comprendre, je ne dis plus les détails, je dis seulement l’ensemble du système, son esprit, ses conclusions et les raisons sur lesquelles elles sont appuyées ? Pour que la Critique de la raison pure ait eu l’influence que tes contemporains lui attribuent, pour qu’elle ait été le germe d’un très-puissant développement philosophique en Allemagne et ailleurs, pour que son auteur soit considéré par quelques-uns comme le plus grand penseur des temps modernes, et par tout le monde comme un très-rude joûteur, encore faut-il qu’il y ait dans son livre autre chose que des énigmes. Qu’en penses-tu, toi qui l’as lu ?

Philalèthe.

Je pense comme tout le monde, Socrate ; et si je t’ai infligé la citation qui t’a fait frémir, ne crois pas que j’aie voulu me débarrasser par le ridicule d’un esprit qui compte assurément parmi les plus forts (je n’ai garde de dire parmi les plus lumineux) de notre temps et de tous les temps. J’ai voulu seulement aller au-devant du désir que tu viens d’exprimer, en te montrant par un