LE SCEPTICISME DE KANT
Vers la seconde moitié du cinquième siècle avant l’ère chrétienne, les affaires de la philosophie semblaient être, chez les Grecs, en assez mauvaise posture, et la raison, après un court essai de ses forces, en était déjà à désespérer d’elle-même. Elle avait commencé par rêver la science universelle ; et, par une réaction aussi inévitable qu’excessive, c’était au scepticisme universel qu’elle allait aboutir. Les sophistes exploitèrent cette situation au profit de leur cupidité et de leur vanité de rhéteurs ; en l’exploitant, ils l’aggravèrent ; mais ils ne la créèrent pas. Elle avait pour cause intellectuelle la témérité dogmatique des premiers systèmes, vastes constructions hypothétiques qu’il était facile de démolir et dont on imputa trop aisément la fragilité à la raison elle-même ; elle avait pour cause morale l’affaiblissement de l’ancienne discipline et des anciennes croyances ; et l’humeur des Athéniens, plus amoureux de la dispute que de la vérité, semblait d’ailleurs s’accommoder à