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dent l’écorce de notre planète et dans le voisinage des pôles. Ces masses immenses de glace, par leur mouvement progressif, frottent l’épiderme terrestre, le polissent sur certains points et sur d’autres y burinent, pour ainsi dire sous nos yeux, des traces indélébiles de leur action puissante ; elles transportent, encore de nos jours, à des distances plus ou moins éloignées de la boue glacière, des sables, des graviers, des galets usés et polis, enfin des blocs souvent volumineux.

Dans nos Vosges, comme dans presque toutes les chaînes de montagnes, dont l’altitude n’atteint pas aujourd’hui les limites des neiges éternelles, on découvre presque partout sur des roches, même les plus dures, là des surfaces polies, là des stries à peu près parallèles à la pente des vallées et nettement dessinées sur leurs flancs. Des masses rocheuses, détachées du sol, et connues sous le nom de blocs erratiques, qui gissent çà et là et sont souvent d’une nature différente de celle des roches sousjacentes sur lesquelles elles reposent, sont bien plus fréquentes encore et l’on peut souvent déterminer les lieux plus ou moins éloignés, d’où elles proviennent. Enfin les vallées sont quelquefois barrées par de véritables digues naturelles, formées de sables, de graviers et de blocs amoncelés ; ce sont les moraines des géologues. Nous constatons donc dans les vallées des Vosges des effets tout à fait semblables à ceux que produit de nos jours, dans d’autres chaînes de montagnes plus élevées, le phénomène glaciaire, de telle sorte